vendredi 21 octobre 2011

Bientôt la philosophie sera vivante

Le menteur, Benoît maire, 2011 (courtesy Benoît Maire)

La Kunsthalle Mulhouse accueille jusqu'au 13 novembre une monographie de Benoît Maire intitulée Bientôt le métal entre nous sera changé en or.
Proposée par Vincent Honoré, commissaire invité, l'exposition aborde la notion de savoir en tant que matière à création. Elle sera suivie de deux autres expositions et d'un livre, tournant autour de cette même thématique : la pensée en tant que forme.

L'artiste, qui vient de remporter le prix de la Fondation d'entreprise Ricard, nous présente quatre espaces. Premièrement, l'Espace nu, au titre en contradiction avec la réalité, tant le lieu est habillé de mobiliers, de moniteurs vidéos (où des extraits du long-métrage l'Île de la répétition, réalisé par l'artiste, sont présentés ; l'intégralité du film sera projeté le 8 novembre 2011 au cinéma Bel-Air), d'objets diverses en équilibre ou encore de morceaux de têtes grecques. Sorte d'antichambre, l'espace est une allégorie où la pensée prend vie, où l'artiste pose ses bases.

L'esthétique des différends est la deuxième salle, vouée à être activée par l'artiste par le biais de performances et discussions, elle est consacrée aux recherches de Benoît Maire, sous la forme de livrets, réunis en un ouvrage mais pouvant fonctionner séparément. Véritable oeuvre, ce livre à la frontière de l'art et de la philosophie constitue une recherche sur les questions de postmodernité et d'oeuvre d'art post conceptuelle.

La troisième installation s'intitule Château. Elle représente un bureau où des feuilles de zinc sont incrustées dans les murs et le mobilier. Elles illustrent les pensées en action. Les objets présents dans les premières salles se retrouvent ici, ils se répondent, s'additionnent et se multiplient, créant ainsi un dialogue.

Pour finir, le Berger est un court-métrage réalisé par l'artiste. Très conceptuel, le film tourne autour de la notion de répétition, de l'incommensurable et du pouvoir du toucher. L'image du berger incarne l'artiste, qui dirige ses moutons, ou plutôt ses oeuvres.

La philosophie peut nous dérouter ou nous étonner, c'est pourquoi la Kunsthalle a créé un lexique de références, tant philosophiques qu'artistiques afin d'offrir au spectateur des pistes de compréhension. Nous pouvons y découvrir la passion de l'artiste pour les écrits de Kierkegaard, ou son engouement à jouer des mots et des objets en créant des métonymies. En regardant les éléments, beaucoup de choses nous échappent, mais nous pouvons aisément les comprendre en faisant des liens entre les différents les espaces et les références.

L'artiste d'à peine 33 ans réussit à utiliser le savoir comme matière. Quoiqu'un tel sujet n'aide pas, à priori, le public à renouer des liens avec la scène artistique actuelle, il l'invite pourtant de manière subtile à philosopher à ses côtés.



Axelle Ruffenach

Rédigé pour le magazine Transversalles qui paraitra en Novembre 2011

NDLR : Pour les passionnés de philosophie qui souhaiteraient comprendre l'exposition de A à Z, le lexique des références peut vous être envoyé par mail par la Kunsthalle.
http://www.kunsthallemulhouse.com/

 kunsthalle@mulhouse.fr

 

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