Portrait : Ernest Engel-Pak présenté par la Galerie Arnoux, Art Karlsruhe 2011

   « Rythme, pureté, ligne, couleur », tels étaient les mots qu'Ernest Engel-Pak (1885-1965) avait inscrits dans son atelier.

L'artiste peintre et illustrateur belge, né dans la province de Liège, a mené sans relâche tout au long de sa carrière une recherche picturale intense.

Son œuvre tardive, composée de paysages abstraits, est une exploration des formes, des couleurs, de la lumière.

Après sa venue à Paris et sa première exposition, Engel-Pak passe rapidement d'un art expressionniste figuratif, à une pratique lyrique abstraite. Ses fréquentations (Torrès-Garcia entre autres, fondateur du groupe Cercle et carré) et son refus au salon d'automne en 1927 sont des éléments décisifs pour la suite de sa carrière : l'artiste se replie sur lui-même, se détache du réel, s'autorise une liberté totale.

Au même titre que ses contemporains belges, Joseph Lacasse et Henri-Jean Closon,

Engel-Pak devient un pionnier de la non-figuration. Son adhésion au groupe Abstraction-Création, lui permet d'exposer aux côtés de Mondrian, Arp, et Delaunay.

Ses longues heures de contemplation et de recherches aboutissent à un art gestuel aux formes fluides, aux contrastes chromatiques forts. En laissant agir couleurs et formes sur sa sensibilité, ses peintures deviennent le reflet de ses émotions. « J’ai continué à peindre dans le même esprit mais en mettant dans les formes et les couleurs une plus grande part de ce que je ressens au plus intime de moi-même ».

L'histoire de l'art a souvent divisé l'abstraction en deux catégories : l'une géométrique et intellectuelle, l'autre lyrique, plus instinctive, s'appuyant sur la force de la couleur. Outre les essais de Kandinsky, cette deuxième catégorie est réellement apparue au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, ce qui élève Ernest Engel-Pak au rang de précurseur, en avance de vingt ans sur l'art du XX°siècle.

En choisissant de consacrer la moitié de son stand à cet artiste, la Galerie Arnoux, orientée en majeur partie vers l'art abstrait des années 1950, permet d'aborder un parcours artistique méconnu. Mais aussi discrète que fût la carrière de l'artiste, elle n'en resta pas moins riche et abondante, ce dernier ayant laissé à sa mort près de trois mille cinq cent œuvres...

                                                     Lisa Cartus