LOUTHERBOURG
STRASBOURG
1740 -LONDRES 1812 : TOURMENTS ET CHIMERES
du 17 novembre 2012 au
18 février 2013 Au Palais Rohan
© Photo de Caroline Megel
Pour
découvrir l’exposition sur un peintre inconnu du grand public, le
spectateur doit dans un premier temps visiter le musée des
Beaux-Arts. Un couloir annonce l’exposition ; un lourd rideau
marque le commencement. Deux portraits de Philippe-Jacques de
Loutherbourg nous font face. Réalisés par l’artiste lui-même et
par Gainsborough, ils représentent deux âges de sa vie, somme toute
très tumultueuse. En 1769, appréciant ce peintre, Diderot en parle
par ces termes élogieux : « Loutherbourg a un grand
talent, je ne lui refuse pas même du génie ». Les visiteurs
peuvent en faire l’expérience. Chacune des dix salles témoigne de
ses divers sujets de représentation : des paysages pastoraux,
des tempêtes maritimes, des repas conviviaux au milieu de la nature
florissante. La galerie, censée abriter les natures-mortes, marque
la transition entre la France et l’Angleterre. Nous y découvrons
des œuvres plus esquissées, telles des gravures, des aquarelles ou
des caricatures, mais également des scènes théâtrales. La
diversité artistique est mise en évidence dans l’Eidophusikon.
Il s’agit d’une représentation scénique, qui intègre la
peinture, le théâtre, et tous les moyens mécaniques pour rendre la
dramaturgie réaliste et vivante. Son intérêt pour la mise en scène
est présente dans ses œuvres picturales. Par une touche léchée et
vaporeuse, le paysage sert de décor à l’action. Semblables à des
collages, les personnages se détachent du fond par une touche plus
précise et minutieuse. Les couleurs chatoyantes accentuent la
vivacité des personnages, leur conférant un théâtralisme dans
leurs mouvements et leurs expressions.
© Photo de Caroline Megel
Continuons
notre déambulation par les salles suivantes ; pénétrons en
Angleterre du 18ème siècle. Loutherbourg dépeint ce
pays étranger de manière plus romanesque par des paysages de
fantaisie, des toiles retraçant des moments historiques et
bibliques. Terminons par des scènes de catastrophes où bandits,
incendies et naufrages en sont le sujet. Mais les œuvres les plus
majestueuses sont celles correspondant aux naufrages, témoignant
d’un sublime exacerbé : théorisé et développé par Kant en
ces termes « ce qui est purement et simplement grand » et
mis en image par l’artiste. Ses tableaux rendent perceptible la
tempête impétueuse, les vagues déferlant sur la côte rocheuse et
les navires s’échouant sur le rivage. L’œuvre de Loutherbourg
est remarquable par sa capacité à nous faire ressentir le bruit de
la forêt, le souffle du vent, les rires et les cris des hommes, la
chaleur du feu et les embruns d’un océan dans la tourmente. Sa
peinture devient romantiquement sonore ; l’expression de l’âme
de l’artiste et de la nature angoissée.
Caroline
Megel
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