La galerie strasbourgeoise Chantal
Bamberger vient de célébrer en présence des artistes, vendredi 31 Octobre 2014, le vernissage de sa nouvelle exposition
intitulée Horizons présentant les œuvres de
Léopoldine Hugo et de Yves Beaumont.
Il y a quelque chose d’intrigant dans l'exposition Horizons. D'un côté, il y a le travail de Léopoldine Hugo. Des lignes douces qui donnent à voir des paysages rêvés. De l'autre, le travail de l'artiste belge Yves Beaumont, un travail agressif qui traduit un horizon mouvementé.
Bien qu'ils partagent la même thématique et la même technique (ligne horizontale qui efface le concret, le traduisible), la finalité de ces deux artistes ne semble pas identique.
Le travail de Léopoldine Hugo se laisse absorbé par le regard. Ses lignes de couleurs viennent stimuler l'imagination du spectateur. Elles ne s'imposent pas, l'artiste nous montre des lignes qui viennent aveugler le spectateur (horizon au sens philosophique). C'est à ce dernier de traduire les couleurs en les rattachant aux codes de la représentation du paysage. C'est par cette traduction que l'horizon (au sens de la perception) semble se dessiner. Le travail de Léopoldine Hugo donne à voir une certaine poésie et rappel ces échappées que l'on peut vivre en regardant le paysage au travers d'une vitre de train durant un long trajet propice aux rêveries.
Le travail d'Yves Beaumont est beaucoup plus percutant. Il en ressort une certaine noirceur et une certaine rudesse. Ses lignes sont moins disciplinées. Elles répondent aux lignes de Léopoldine Hugo dans le sens où elles viennent compléter l'exercice et lui offrent un autre versant. Après le rêve, le cauchemar, après la douceur, la rudesse, après le statique, le mouvement. Les lignes d'Yves Beaumont aspirent à l'inaccessible, au métaphysique. Elles semblent être le témoin, une trace, d'un état physique et non d'une émotion (comme c'est le cas dans le travail de Léopoldine Hugo). Les lignes d'Yves Beaumont ne sont pas absorbées par le spectateur, elles le percutent, le faisant se perdre dans un désert où les lignes ne sont plus clairement visibles et traduisibles. Où l'horizon se perd, non parce qu'il est grand, mais parce que la matière le malmène, d'où cette sensation de cauchemar.
Florent Lachèvre