mercredi 1 mai 2013

Django Unchained par Dorine Bonnefoy

affiche du film Django Unchained, Quentin Tarantino

Le film s'ouvre sur un long générique laissant transparaître les sources d'inspiration du réalisateur culte : les westerns spaghetti et les films de série Z. Puis le cinéma est plongé dans la pénombre d'une nuit froide au cœur de l'Amérique du XIXe siècle. Un dentiste allemand négocie l'achat d'un esclave à grand renfort d'éloquence rhétorique avant de dégainer son arme. Les éléments caractéristiques du cinéma de Tarantino sont dès lors réunis : une esthétique travaillée inspirée des films d'exploitation des années 70 et des personnages charismatiques à la gâchette facile.
Le titre du film Django Unchained, le 8eme du réalisateur, vient directement du Django de Sergio Corbucci (1966) mais n'en est en aucun cas un remake. Seul le nom du personnage principal, la musique et la typographie du générique y font écho. Tarantino nous offre ici un scénario de son cru. Il nous raconte l'émancipation de Django, un esclave interprété par Jamie Foxx, qui part à la recherche de sa femme afin de la libérer elle aussi de l'esclavage. La légendaire mise en scène de la violence du réalisateur est bien présente et toujours aussi efficace. Cependant on peut regretter l'absence des fameux dialogues surréalistes qui l'accompagnent d'ordinaire. Tarantino nous a habitué à des situations rocambolesques et à un second degré quasiment constant. Ici point de grandes surprises, une histoire linéaire et un personnage principal parfois un peu trop sobre. Cela s'explique sans doute par le fait que, pour la première fois, le réalisateur se focalise sur le point de vu d'un seul personnage, un homme en train de se construire, à la cherche de sa propre identité, bien loin des truands insolents des opus précédents. Ce n'est qu'au fur et à mesure de l'histoire que Django devient vraiment tarantinesque.
Servi par des acteurs étonnants de justesse et une bande originale toujours aussi soignée, le film reste une réussite, même si Tarantino semble avoir perdu une partie de son énergie originelle au profit de ce que certains considèrent comme une forme de maturité.

Dorine Bonnefoy

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